Elle

C'est LA. Elle me tend les bras, mais elle m'emporterait trop loin. Une folie.

Elle est là. L' Ex. Celle avec un grand E, au bout de la rue. Au debut, elle n'était qu une vieille histoire, un pale fantome. Elle me hantait un peu, parce que 6 ans avec une même fille, un homme n'oublie pas. Il en parlait toujours étrangement. Il raconte leur histoire chaotique, ponctuée de ses crises à elle, de leurs multiples séparations -dont elle était l instigatrice-. Il dit qu'il a fait des faux pas, mais jamais sans lui manquer de respect -pas de tromperies, pas de mensonges-. Il raconte que la derniere fois qu elle l'a foutu dehors il s'était résigné car depuis le debut, il savait qu'elle ne serait pas la mere de ses enfants : elle refusait de l'épouser.

REVIEWING "Elle refusait de l'épouser" Ah, tiens, donne moi l occasion d'accepter ou non, nous en reparlerons. Là n'est pas le sujet.

J'avais marqué des points sur elle. D'abord j'ai tout laissé tomber pour lui. Dans nos debuts, j'ai accepté -et j'ai joué le jeu- de nos soirées sex, drugs and alcohool. En fait, ce qu'il ne sait pas c'est que j ai apprecié. L'homme avec qui je vivais à ce moment la ne tolerait guere ce genre d ecart mais "voulait essayer juste pour voir pourquoi t'aimes ca". Je ne prends pas le risque d'enseigner ces choses à qui que ce soit. Il veut ou il veut pas. Cuila ne voulait pas. Soit, il n'est pas le sujet non plus. Je disais donc, sans le savoir j'avais marqué ce premier point. Bon j'en bavais il est pas leger a transporter et il éméché il peut etre bougon. Et je modère mes propos. Mais autant que lui m aimait à jeun comme bourrée, sérieuse le midi à la pause du boulot et grande-gueule-miss-la-rigolote le soir, moi je l aimais dans ses silences, dans ses conversations graves comme dans toutes les idioties ou les saloperies qu il pouvait dire. Je l'aime quoi. Bn mais ca là c'est pas un point nous supposerons qu'il l'a aimée aussi.

D'ailleurs il me le dira plus tard. Ce soir la. Il arrive à la maison bouleversé comme jamais, dans un silence grave aux effluves de vodka. Je suis assise sur le bar. Devant son silence je me verse un Rhum qu'il s empresse de boire à ma place. 2 bouteilles de rhum à 2 on boit avant d aller chercher un pack de bières et un bon vin car je cuisine. Serieusement emeché mais toujours bouleversé il avoue. J'ai vu mon ex, aujourd'hui. J'avais encore quelques affaires a prendre. Omagad. J'aurais voulu ne pas savoir.

Si, car il continue. "Tu sais, j'ai jamais aimé quelqu'un comme elle et j'ai jamais vraiment voulu passer à autre chose mais..en la voyant aujourd'hui. Je lui ai parlé de toi. Je crois que ce qui se passe entre toi et moi est vraiment fort. Tu es plus jolie qu'elle, plus drole, plus tolérante, plus vivante..je crois qu'il fallait que je lui parle de toi. Pour finir de la quitter." Alors quoi? Alors c'était en février. On se voyait depuis octobre..Et c'est que maintenant que son esprit tordu la quittait? Je ne retiens pas les bonnes choses. Je me souviens de cette conversation du debut à la fin. Mais ce qui est resté c'était qu'il l'avait vue, qu'il était bouleversé, que son coeur ne la quittait que maintenant et qu'en attendant il avait essayé de l'oublier "avec plusieurs filles". J'étais qui? Celle qui avait reglé le plus de notes d hotel? Bref.

Il enchaine, car je bouillone mais me tais. "Tu sais, elle avait du pouvoir sur moi et elle m a fait mal. Ce que je ressens à propos de nous est plus fort. Ca veut aussi dire que tu pourras me faire encore plus mal." Et moi, t'es pas en train de me planter des aiguilles dans le coeur?

Donc voila tout ce que je sais de son ex avant d'arriver à Santeny. Ah oui, car depuis que nous sommes ici, je compreds que finir ne veut pas exactement dire finir. Je devrais le savoir, moi qui n'ai de facon effective plaqué aucun mec (juste disparue, changé de téléphone, d'adresse, fait la morte, fait croire à la tromperie, je n'ai encore jamais dit je crois un truc comme "Je te quitte" . Rien que de l ecrire me semble un truc dur à lire :/) Bref, c'était loin d'etre fini.

Voila ce que j'apprends. Mes beaux parents -chez qui nous logeons en attendant mieux- sortent regulierement (une fois par semaine quand ce n'est pas 2) chez leurs amis de toujours, Philippe et Marie et .. devinez quoi? Ce sont les parents de l'Ex ! Bon. D'accord, en plus d'avoir passé 6 ans à ses cotés, il la connait depuis toujours : ils étaient VOISINS ! On me rassure la dite Ex vit loin loin la bas, en colocation. Pas de risque de la croiser, si ce n'est quand elle rend visite à ses parents, chose qu'elle à l'air de ne pas affectionner.

Sauf que voila. Vivian un matin part au travail, rentre crevé un lacet défait qui le torture car il l'a remis vite fait dans la chaussure : l'Ex etait devant lui et il avait si peur de lui parler qu'il a mis son lacet le plus vite possible dans la chaussure et a tracé, mine de ne pas la voir. Ah. Je croyais que tout cela était digéré.

C'est ce qu'il m'affirme le lendemain devant ma bouille horrifiée : il me raconte qu'il vient de faire le trajet de retour aupres d'elle et qu'il lui a fait la conversation -bien obligé, puisqu'ils se connaissent depuis la nuit des temps, que le bus est à la fois petit et blindé, et que le trajet dure 30 minutes. Ah. 30 minutes d une charmante discussion aucours de laquelle il apprend qu'elle est seule, qu'elle est retournée chez ses parents et qu'ils se recroiseront tres surement.

J'en fais des cauchemars. Des cauchemars dans lesquels non, il n'y a pas de bataille ni de tromperie. Juste. Elle, si jolie, qui sait tout de lui, et qu'il a envie de "frequenter" au sens propre du terme, car elle est son amie de toujours. Elle est jolie et dans ces cauchemars, elle est telle qu'elle est surement en vraie : gentille. Et le coeur de mon cauchemar reside en un point essentiel : JE NE PEUX PAS NE PAS L AIMER ! Ca me hante, ca me tue, ca me brule. Et il ne se passe pas un matin, une apres midi, une soirée sans laquelle je me dis. Qu'il comparera sa relation d'alors et la notre. Notre relation colorée du gris du quotidien. Notre relation certes où nous parlons d'enfants, d'envies, d'avenir, d'acheter un appart (une maison), mais où rien ne se fait, une relation au coït à heure fixe, aux baisers sans la langue, aux nuits ou chacun delimite sa part de lit. Je me dis. Qu'elle doit avoir un gout de regret, comme les relations qui ont été menées à leur terme sans qu'on vous demande votre avis. Et qu'elle est bien trop à portée.

Enfin non, moi je suis bien trop à portée, justement, et elle.. Elle doit avoir un petit gout d'interdit en plus de ses jolis cheveux et de la couleur du regret.