Je te sais

Je suis sous le joug de souvenirs de nuits d'hotels entières passées à toucher chaque millimètre de ton corps, caresser chaque centimètre de ta peau, apprendre le gout de tes levres, mordiller tout ce qui depasse et ne depasse pas. Les yeux fermés je me remémore les oeillades indécentes que l'on se clignaient dans les bars, les mains qui promenaient, discretement, sous les tables de restaurant, et ma langue contre la tienne dans une bataille, une chasse à l'autre. Mes mains accrochées à ton cou quand tu me faisais defaillir, ma bouche à ton oreille chuchotant des mots au son duquel les prudes aiment à rougir. Je me souviens comme je voulais t'apprendre par coeur, par peur de ne pas te revoir, et comme chaque seconde comptait. J'ai appris la forme de ton visage de ma petite main, la courbe de ta nuque du bout des levres, mes ongles ont leur trajectoire tracée sur ton torse pour ne rien oublier. Je t'ai aimé doucement, et je voulais pouvoir te redessiner à chaque instant où je ressentirai quoique ce soi s'apparentant à du manque. Je connais la fermeté de tes bras finement musclés, le gout de ta sueur à l'épaule, et ma langue saurait redessiner ton nombril d un simple mouvement. Je t'ai aimé et pour ne jamais te perdre, je t'ai appris. Aujourd'hui que je te sais, et que tu es moi autant que je t'appartiens, je commence tout de meme mes journées mes mains à ton cou, descendant le long de ton torse, puis parfois plus bas. Doucement, et je ne veux négliger aucun millimetre de ta peau. Et chaque soir avant que la lumière ne s'éteigne mes mains te courent encore, jusqu'à t'apprendre dans le noir. Je te le dis. Parfois. Je veux t'apprendre, je connais chaque parcelle de ton corps du bout des ongles, du bout des doigts, du bout de la langue. Je ne me lasse pas de te toucher, te sentir, te gouter, et si je n'oublie pas les premières nuits, c'est qu'à travers ta peau je les revis.

Je t'aime.