Voila 3 ans maintenant que j'ai laissé les mots loin de ma plume, les sentiments loin du coeur, et Dayanne loin de Victoria, comme si je pouvais soigner mon mal en l'ignorant.
J'ai les mots un peu désordonnés, secs et violents, qui reflètent la noirceur de mes pensées, le fouillis de mon coeur, le bordel de ma tête, l'ingérance de ma vie.
Au final, tout a empiré. Mon jardin secret est devenu une jungle inaccessible, rendant mon esprit désireux d'y remettre les pieds plus que tout. Je me suis interdit tant de choses, tant de pensées, tant de remises en questions que ces pensées et ces questions sont devenues mon essence. Je suis devenue une ménagère hystérique rêvant non pas de mieux mais d'autre chose, de "Et si", de "Pourquoi j'ai pas", de "Qu'est ce que je fous là".
Tout ca parce qu'un jour, au lieu de tourner les talons, j'ai cru intelligent de rester, d'affronter mon erreur, de me battre pour construire par dessus une faute alors que je sais que l'humain n'accorde le pardon qu'au prix de lourds sacrifices, alors que je sais que ce qui vous a fait fauter un jour, vous fera à nouveau fauter plus tard, alors que je sais que personne ne change, ni lui, ni moi, ni les Autres.
Alors aujourd'hui, j'ose la thérapie que je me suis accordée à l'époque, celle des mots, pour que mes maux s'apaisent.
Ces mots emplis de tout ce qu'on ne dit pas, tout ce qu'on ne vit pas, ces mots que je suis seule à lire, pour me calmer quand tout défaille.
Les mots salvateurs qui avaient retardé ma faute de plusieurs mois à l'époque et qui avaient également mis fin à mes calculs improbables d'une vie différente, ailleurs, avec l'Autre -qu'importe lequel au final-.
Car dans la vie de Dayanne, l'Autre, ou Lui ne reste finalement que la prochaine personne à quitter, comme celui d'avant, ou celui d'avant. Dayanne étant une âme solitaire -penchée sur un Ti Punch, avide d'aventures sans lendemain et si possible sans nom de famille ni numéro de téléphone, électrisée par des horaires de bureau débordantes et hors de la norme- Dayanne est une carriériste célibatarde et alcoolique. Lulu l'a tuée en décidant que Cerned serait la dernière proie. C'était sans compter que Dayanne, sans carrière, sans aventure, sans alcool, allait répliquer de plus belle.
La schizophrène est donc de retour. Je reprends du service, je reprends de la plume, pour chasser celle qui est de trop dans ma tete ou dans mon coeur. Mais je ne sais plus laquelle. Les mots me diront. Les maux me souffleront.